La crise sanitaire racontée par les producteurs de Kelbongoo

25/09/2023

Depuis quelques mois, voir quelques années, nous entendons parler de l'industrie laitière dans les médias et dans la bouche des femmes et hommes politiques...

Et de scandales sanitaires en scandales financiers... rien ne bouge (ou trop peu) ! Quelle est la réalité des producteur.trice.s de Kelbongoo ?

Une restructuration parfois brutale des débouchés

La fermeture progressive des marchés, des restaurants et des cantines a constitué pour les producteurs une des premières difficultés : comment compenser ces pertes de débouchés ?

Les Vergers de Picardie, par exemple, sont des habitués des marchés, notamment sur Paris où certains d’entre vous ont l’habitude de les croiser, et qui représentent habituellement la majorité de leurs ventes. Les cantines scolaires, sous l’impulsion des politiques publiques nationales, régionales et locales, s’approvisionnent de plus en plus auprès des producteurs locaux. Mais avec la fermeture des cantines, de nombreux producteurs ont ainsi perdu ce débouché parfois devenu important, comme par exemple la Ferme Compère (dont vous connaissez les yaourts BIO) ou encore les Ferme des 3 Châtaigniers (porcs sur paille, Porc d’Antan). Si les circuits-courts peuvent être une solution, la Ferme de Mésenguy qui produit notamment du porc BIO nous indique que de nombreuses AMAPs n’ont plus de local ou alors un espace plus réduit et qu’elles privilégient la distribution de légumes à celle de la viande.

Malgré la fermeture de certains secteurs, la demande finale, celle des consommateurs qui évidemment ne se tarit pas (elle a même augmenté, puisque la totalité des repas sont pris au sein des foyers) s’est rapidement reportée sur les circuits restant actifs. Après l’inquiétude issue de la perte de certains débouchés, plusieurs producteurs ont fait face à un nouveau bouleversement de leurs débouchés : un fort afflux de consommateurs, souvent nouveaux ou simplement plus réguliers, en particulier sur leurs exploitations. Sur ce point, les producteurs picards ont développé depuis plusieurs années un mode de vente assez singulier, le distributeur automatique, un format pris d'assaut en temps de Covid-19 !

Ci-contre : le distributeur des Vergers de Bailleul. Notre producteur nous expliquait cette semaine que “Les ventes au magasin de l’exploitation ont doublé, comme celles du distributeur automatique. C’est un rythme nouveau et il faut être partout, dans les champs, à la préparation des commandes mais aussi à l’entretien de l’exploitation, le rangement des abords de la ferme. Une partie de nos clients sont des gens qui ne nous connaissaient pas avant, ils découvrent notre fonctionnement, notre manière de travailler. La grosse inconnue est : continueront-ils de venir chez nous ?”

Des situations contrastées pour nos producteur-ice-s

On est en présence de plusieurs cas de figure, certains producteurs essuyant de plein fouet la perte de leurs débouchés historiques, d’autres essayant de garder la tête hors de l’eau face à un afflux de commandes sans précédent. !

Pour les producteurs en difficulté, le partenariat avec Kelbongoo a permis de limiter les pertes, au moins en partie. En effet, grâce à votre soutien à toute épreuve, et à travers la hausse des commandes, nous avons pu proposer à chaque vente des producteurs habituellement présents 2 à 3 fois par mois, comme la Ferme de Trois Chataigniers. De même, la quantité vendue par Vergers de Picardie a été multipliée par 3 depuis le début de la crise avec des commandes par vente de plus de 1,5 tonnes de pommes et poires !

Pour les producteurs dont la demande reste forte sur leurs marchés notamment picards, la hausse de nos commandes a constitué un vrai défi à relever et beaucoup de travail ! Nos échanges quotidiens avec eux ont été indispensables pour trouver tous les jours des solutions, notamment sur les produits les plus demandés ! Parmi eux : les oeufs (plus de 13 500 boîtes d’oeufs vendues depuis le début du confinement!) et la farine (plus de 2700 kg de farine). On vous savait bon cuisiniers, mais là, ça en fait des gâteaux ! Et ne parlons pas de la bière : 5300 bouteilles de bière artisanale écoulée, toutes brasseries confondues… !

Ci contre : Le moulin à meule de pierre de la Ferme des 3 terres, qui tourne à plein régime, comme nous l’expliquait Dorothée Patin “Je fais des très grosses journées, les commandes explosent de partout ! Même les grandes surfaces me contactent, mais là je refuse, bizarrement là on les intéresse ! ”


Gestion des équipes et consignes sanitaires à mettre en place : un défi d’envergure !

En parallèle de ces bouleversements d’activité, les producteurs ont dû s’adapter, tant sur l’organisation et la gestion de leurs équipes que sur la mise en place des mesures sanitaires.

Certains producteurs partenaires doivent aussi faire face à un manque de main-d’oeuvre. Par exemple, pour Le Fournil des Bocages, “Le problème principal est la disponibilité de l'équipe qui jongle avec les gardes d'enfants”. La Ferme de Moyembrie, elle, accueille habituellement des personnes en fin de peine carcérale qui ont une volonté de s’en sortir et de bâtir un nouveau projet. Aussi, 8 personnes dont six de plus de 60 ans travaillent à la ferme dans le cadre de leur agrément Chantier d’Insertion. Aux vues des circonstances actuelles, aucune nouvelle arrivée n’est possible et les six personnes de plus de 60 ans ont cessé de travailler par sécurité. L’effectif des résidents-salariés est donc considérablement réduit avec un déficit de 13 personnes.

L’augmentation de la demande sur tous les produits conjuguée à une main-d’oeuvre réduite et à des mesures sanitaires strictes, a conduit nombre de producteurs à voir leur charge de travail augmenter. “Oui la situation est difficile, tant au niveau de la charge de travail, de la dureté physique du travail, que des risques sanitaires pour le personnel et les clients”, selon les Jardins de Montplaisir.

Et puis, parfois, une main d’oeuvre inattendue vient grossir les rangs… ! : “Chez nous ça va, on emmène les enfants dans les vignes et à la cave…” (Domaine Mesliand)

Entraide et adaptation de nos producteurs : chapeau bas !

L’entraide entre producteurs, présente en temps normaux, a été renforcée pour faire face à cette crise sanitaire. On peut par exemple trouver dans la boutique de La Chèvrerie Barb’iquette des produits des producteurs voisins et vice versa.

Pour répondre à la forte demande locale, de nombreux producteurs se sont réorganisés entre eux en l’espace de quelques semaines, pour proposer aux consommateurs de leurs communes et des environs une offre diversifiée. C’est notamment le cas du “drive” organisé notamment par Véronique Compère de la Ferme Compère à Bussu. L’un de nos maraîchers BIO, les Légumes de l’Omignon fourni les légumes des paniers distribués à la Ferme Compère.

Les paniers distribués à la ferme Compère.

Une petite pensée affectueuse de nos producteurs pour vous et nous, Kelbongoosiennes et Kelbongoosiens :)

Quand ils ont le temps de relever la tête de leur champ, les producteurs nous envoient des nouvelles, comme Olivier Halluin de l’EARL Denglehem, producteur de légumes BIO, récemment de bon matin.

“On arrête le céleri dans vos paniers mais on vous en remet dans les champs... Repiquage des choux céleri... Bâchage pour le froid et contre les insectes puis nous sommes obligés d'arroser pour faire reprendre ces petites plantes, à bientôt !” Des photos des champs de bon matin, qui donnent envie depuis nos petits appartements !

Sachez donc que les nombreux messages de soutien que vous, consommateur-ice-s, nous avez transmis, sont arrivés tout droit dans les boîtes mails des producteurs ! Ils ont été nombreux à nous dire la motivation tirée de ces messages : “Merci à vous consommateurs, vous m'avez permis de devenir agriculteur, un rêve de gamin !!! Et de créer un emploi stable à Jean-Marc” (Emmanuel Renard, Ma petite ferme Bio). Les Jardins de Montplaisir ont aussi ajouté : “Tous ces messages nous raniment et nous disent combien l’alimentation et donc la production sont précieuses. Cela nous redonne le vrai sens de notre métier : donner à manger des produits sains et de qualités pour une population demandeuse, à partir de notre outil de travail : la terre et l’élevage”!

Un grand merci donc à tous les producteurs partenaires de Kelbongoo de continuer de nous livrer des produits frais, de grande qualité et qui ravissent les papilles des consommateurs, et ceci malgré le contexte actuel difficil ! Et un grand merci aussi à vous Kelbongoosiens et Kelbongoosiennes pour votre soutien à toute épreuve !

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